Quand Cyrano prend la plume…

 

Qui ne connaît pas Cyrano ?

Un clown au grand nez, un bretteur redouté, un ami fidèle, un héros au grand cœur, et surtout un amoureux transi de sa cousine la belle Roxane…

Le dramaturge Edmond Rostand crée ainsi sa pièce Cyrano de Bergerac à partir d’un obscur philosophe libertin du XVIIe siècle un personnage mythique du théâtre français.  Nous sommes en 1898, les drames de cape et d’épée sont passés de mode depuis longtemps, et pourtant sa création est un triomphe et son succès populaire depuis ne s’est pas démenti.

L’intrigue en deux mots : Cyrano et Christian sont tous deux épris de Roxane. Christian est beau mais n’a pas d’esprit ; Cyrano est laid mais manie le verbe comme personne. Ils conviennent d’un pacte : Cyrano écrira les lettres d’amour à Roxane et Christian se fera passer pour l’auteur. « Généreuse imposture », le pacte repose sur le sacrifice généreux de Cyrano : son « grand diable de nez » lui « interdit le rêve d’être aimé, même par une laide »…

Les élèves de 1e ont eu la rude tâche de prendre la plume au nom de Cyrano : écrire la première lettre de déclaration que Christian adresse à Roxane. Lilou s’y est essayée : jugez plutôt…

Il est de ces yeux qui captivent le regard,
Il est de ces bouches qui n’appellent qu’au baiser,
Il est de ces voix qui nous font veiller tard,
Il existe un sourire pour s’y oublier.

Ô mon Dieu !  Je n’ai plus aucune certitude,
Oui, les mots me manquent, ma chère, pour vous dire
Le ravissement de mon cœur, sa plénitude,
Lorsque je vous vois, et vous chante, et vous désire.

Car vous êtes de celles-là, que l’on admire,
Que l’on côtoie, troublé, sans jamais l’approcher,
Rongé par l’angoisse de se voir éconduire,
Dont on rêve pourtant de cueillir la beauté.

Je voudrais être prince, être roi, être Dieu,
Votre rêve, votre amant, votre époux. En somme
Autre chose que moi, être moi mais en mieux,
Être digne de vous, l’élu parmi les hommes.

Qui suis-je, moi, pour mériter votre regard ?
Vous qui faites pâlir les plus belles étoiles,
Et dont la grâce dépasse toute œuvre d’art ;
Devant laquelle même le soleil se voile.

J’ai combattu au service des plus grands rois,
Ma lame est redoutée ici et au-delà,
J’ai fait couler le sang des dizaines de fois,
Et pourtant je frémis à chacun de vos pas.

Alors me voilà très chère, nu devant vous,
L’échine courbée, l’air penaud, le cœur battant,
Je me livre, je me rends, je vous avoue tout :
Oui, mon cœur pour vous se consume lentement.

Non, je n’attends rien et pourtant j’espère tout,
L’indulgence, la clémence, et pourquoi pas
De la folie, de l’espoir, le début d’un nous…
Vous êtes mon tout, l’unique, vous êtes LA.

Cyrano  Christian

 

 

 

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